Supports/Surfaces

Alors que la tendance minimale de l’art abstrait cherche à réduire au maximum la présence de l’artiste, le groupe Supports/Surfaces questionne à son tour la peinture et ses procédés, déconstruisant la notion même du tableau.

Chez Daniel Dezeuze, dont la réflexion engagée sur la peinture « se conjugue avec une admiration pour les travaux des minimalistes américains », la découpe de la toile annonce dès 1967 la volonté de rompre avec la « surface-écran » du tableau et de « se confronter à l’espace réel », laissant ainsi apparaître le châssis. Claude Viallat, de son côté, préfère la reproduction d’un même motif sur la toile, jouant à l’occasion avec le hasard. Ses expériences vont parfois plus loin, lorsqu’il laisse la pluie modifier ses empreintes ou lorsqu’il brûle ses toiles libres, intégrant ainsi la notion d’éphémère dans son travail. Comme Viallat, d’autres artistes du groupe n’hésitent pas à dissocier la toile du châssis pour la plier ou la froisser. C’est le cas d’André-Pierre Arnal qui, avec ses Froissages et ses Pliages, associe le résultat de la forme et de la couleur en froissant la toile et en l’imprégnant de peinture. Cette technique n’est pas sans rappeler celle de Simon Hantaï, dont le travail précurseur inspire fortement Arnal et les artistes du groupe Supports/Surfaces. Dans ses séries Études et Panses, Hantaï froisse également la toile et l’imbibe ensuite de couleur, laissant libre cours au hasard dans le résultat de sa composition. Toutefois et contrairement à Arnal, Hantaï retend la toile défroissée sur châssis. Toutefois et contrairement à Arnal, Hantaï retend la toile défroissée sur châssis. Marc Devade et Noël Dolla travaillent quant à eux le rendu de l’encre et de l’huile sur une toile qu’ils plient et qu’ils retendent également sur châssis. Vincent Bioulès, de son côté, questionne la couleur et la matérialité de la toile : avec Peinture, l’artiste présente la moitié de la surface écrue, questionnant ainsi la matière brute en tant qu’œuvre d’art. Dans un autre registre, Bernard Pagès ou Patrick Saytour préfèrent l’utilisation de matériau de récupération. Alors que le premier mêle objets de manufacture et éléments naturels, jouant ainsi sur l’opposition entre les matières et les formes – comme dans ses Arrangements–, le second questionne la fragilité des matériaux bruts avec Tension, dont la corde constitue l’unique élément retenant la fine structure en bois, donnant le titre à l’œuvre. Enfin, d’autres artistes du groupe, comme Jean-Pierre Pincemin, utilisent des morceaux de toile ou de tissu qu’ils assemblent par la couture.

Collection Fondation Gandur pour l'Art

Pour plus d’information : un catalogue a été publié à l’occasion de l’exposition Au cœur de l’abstraction. Collection Fondation Gandur pour l’Art
Edition : Fondation Maeght
Préfaces : Adrien Maeght et Jean Claude Gandur
Textes : Yan Schubert et Lucie Pfeiffer
Reproductions couleurs de toutes les œuvres
184 pages

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