Jacques Monory, Death Valley n°1, 1974. Photo Augustin de Valence © Jacques Monory / Adagp Paris 2020

Jacques Monory

Initialement prévue au printemps 2020, la Fondation Maeght a présenté du 1er juillet au 1er novembre 2020 la première grande exposition monographique de Jacques Monory depuis sa disparition en octobre 2018.

Commissaire invitée : Laurence d’Ist, historienne de l’art, auteure et commissaire d’expositions.

L’exposition présentait soixante ans de l’œuvre de cet artiste majeur de la Figuration narrative constamment tendu par la modernité et la singularité de ce bleu qui l’a rendu célèbre. Un parcours non chronologique tentait de faire jouer à plein, d’une salle à l’autre, les échos et les écarts de cette œuvre singulière.

De tous les peintres dits de la Figuration narrative, Monory aura sans doute été le seul à être pleinement narratif. Parfois hyperréalistes les scènes énigmatiques qu’il peint et juxtapose forment comme le journal de bord hanté d’un peintre qui chaque jour s’interroge sur la réalité du monde. Le bleu qui l’a rendu célèbre, qu’il soit monochrome ou qu’il accueille d’autres couleurs du spectre, est la couleur de ce doute. Il agit comme un voile onirique, comme une mise à distance.

Empruntant au cinéma – et notamment aux thrillers des années cinquante – comme à la photographie et à l’imagerie, les peintures de Monory, fréquemment de grand format qui incluent parfois des objets, forment comme une sorte de manège accéléré, avec des stases presque extatiques : y alternent ou s’y combinent des paysages urbains et de grandes étendues de nature, des visions romantiques et des images dramatiques venant de l’actualité ou de l’Histoire contemporaine. Un pessimisme fondamental, teinté d’humour grinçant, y coexiste avec une fascination pour le vide.

Monory ne donne pas de leçon, il s’interroge et nous interroge : comment vivre dans un monde violent, déraisonnable, illogique, surprenant et souvent faux ? Sa peinture, qui se fait l’écho d’une modernité dont il conjure la violence en lui donnant libre cours, nous revient aujourd’hui en pleine face comme un très long métrage dont on aimerait pouvoir isoler chaque plan tout en se laissant emporter par la puissance d’un montage impitoyable.

Vues d’exposition

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